La Tradition Camargue
au Service d'un Centre Equestre
Historique.
La Camargue est une vaste plaine deltaïque alluviale de 1400 km2, comprise dans un triangle dont le sommet est Arles et dont la base est formée par la Mer Méditerranée, allant de Fos-sur-Mer à Aigues-Mortes.
Cet environnement particulier a façonné l'activité et la vie humaine, et plus particulièrement l'agriculture : l'homme a profité de l'eau douce abondante pour cultiver le riz, des étangs salins pour en extraire le sel, et des hectares d'herbages pour élever bovins, ovins et chevaux.
L'élevage de moutons est petit à petit abandonné, car le Mérinos d'Arles élevé uniquement pour sa laine n'est plus rentable.
Les bovins sont tout d'abord élevés pour la viande et le travail. Mais très vite, les manadiers se rendent compte que par leur morphologie et leur combativité, les petits taureaux noirs aux cornes en forme de lyre sont plus prédisposés à la course. Vers la fin du 19ème siècle, est inventé un jeu moins cruel oł le taureau n'est pas mis à mort, mais oł l'on fixe des attributs (pompons, cocardes, voire même des saucisses) sur les cornes, destinés à être enlevés. Ainsi, dans les années 1890, dans de petites arènes de fortune, voit-on s'affronter des taureaux de très bonne qualités et des hommes passés maîtres dans l'art du raset.
A l'époque oł les fils barbelés n'existaient pas, les manades sont surveillées par les gardians à cheval. On peut voir ainsi de petits chevaux blancs accompagner les taureaux noirs. Les gardians font un véritable travail de "cow-boy", gardant et convoyant le bétail, le triant pour les soins, le marquage, etc...
Au fur et à mesure du temps, les gardians ont mis au point une technique de monte et un arnachement spécifiques : par la configuratrion spéciale du terrain (les marais), l'utilisation du trident(longue perche de bois), il leur fallait une selle adaptée : un siège profond, un pommeau et un troussequin enveloppants, des étriers fermés devant.
Si nous faisons un parallèle avec les cow-boys des USA, nous pouvons voir que chaque civilisation a "inventé" un matériel adapté au travail fourni : pour les Américains du Nord, un gros pommeau proéminant servant à arrimer le fameux lasso, pour les camarguais, un troussequin avec des cale-cuisses et un pommeau confortables pour encaisser le choc du trident sur les taureaux, des étriers fermés pour être calés lors des longues journées de tri dans le marais.
En revanche, pour les deux équitations, la même bride au mors à longues branches est utilisée, permettant une grande précision face à des animaux aux réactions imprévisibles, et des manoeuvres avec une seule main, l'autre étant occupée par le lasso ou le trident.
Bien sûr, le cheval est pour les deux pays l'outil de travail le plus important, et leur élevage a façonné des montures au physique très différent, mais au moral identique : très sobres, endurants, ils sont capables de démarrages foudroyants, d'arrêts glissés, de pirouettes au galop sur les hanches, d'un courage hors du commun face aux taureaux, et de revenir à un calme olympien.
Les Perspectives au Club.
Dans un Centre Equestre, la tâche la plus ardue est de garder la clientèle débutante et d'attirer le public adulte.
La peur de tomber, de ne pas pouvoir maîtriser cette "grosse" bête qu'est le cheval en décourage plus d'un. Il faut donc mettre au point des techniques, un matériel adapté pour redonner confiance à cette clientèle. Alors pourquoi la monte Camargue ?
Nous allons voir maintenant point par point quels seraient les avantages du Centre Equestre d'Istres à développer cette discipline.
Pourquoi la monte gardianne, et pas celle des cow-boys, puisqu'il y a tellement de similitudes : tout simplement parce que Istres se trouve aux portes mêmes de la Camargue, et est donc plus proche des traditions des gardians, prête à assimiler ses coutûmes que celles des USA.
La selle : le but non avoué de beaucoup de cavaliers qui tentent leur première leçon est de rêver de galoper, les cheveux au vent, sur un coursier fougueux. ils déchantent vite, car le problème du débutant est l'équilibre : le piéton se retrouve à califourchon instable sur une bête remuante, oł les points de retenue sur la selle sont quasi inexistants : le cavalierse raccroche avec les jambes, se contracte, tangue d'un côté et de l'autre au gré du trot de sa monture, s'agrippe aux rênes, et c'est le cercle vicieux : ainsi retenu malgré lui, le cheval n'avance plus, se défend, secoue la tête, arrache les rênes, rendant encore plus précaire l'équilibre de son cavalier.
Cette situation est le fait de la selle anglaise, quasiment plate. Avec une selle creuse, de type Camargue, ce problème est instantanément résolu, puisque le cavalier se retrouve assi dans un siège profond, calé entre un haut pommeau confortable en cuir rembourré et un troussequin montant dans le dos, nanti de cales -cuisses enveloppants.
Bien assis, le cavalier n'a plus peur de glisser et peut penser à autre chose qu'à se retenir, car la chute est quasi impossible.
La Selle Camarguaise : un vrai fauteuil, d'oł il est impossible de tomber (à gauche) et, marquage au fer d'une jument camargue(à droite). .
Les étriers : autre facteur d'appréhension, l'image du cavalier retenu par le pied à un étrier, et remorqué à terre par un cheval emballé. Avec les étriers gardians, fermés devant par une grille en fer forgée et bien plats, le pied est parfaitement chaussé et ne peut se coincer.
La bride : le débutant, au moment des allures vives, aura peut-être encore l'envie de se retenir à la selle. L'emploi de la bride camargue et des deux rênes dans une main n'empêchera pas cela, puisque les chevaux sont menés avec une seule main.
Bien sûr, pour les premières leçons, on pourra remplacer le mors camargue, parfois délicât d'utilisation, par un hackamore, dont l'emploi est le même, mais en plus simple.
La Bride Camarguaise, beaucoup plus dure que le Hackamore.
Le cheval : il est extrêmement important d'avoir une cavalerie adaptée à une clientèle débutante. Pour cela, il faut des chevaux calmes, de taille modeste mais porteurs, qui donneront immédiatement confiance au néophyte. Mais pour un club, ce même cheval de débutant doit pouvoir également être utilisé par des cavaliers confirmés.
Le Cheval Camargue est la monture idéale : elle sait rester calme, imperturbable, est "bien dans sa tête", n'a peur de rien ; elle est solide pour porter un adulte plusieurs heures par jour, malgré sa petite taille (<1.48 m). Mais elle sait également être très réactive, maniable. Somme toute, c'est la monture polyvalente excellente à tous égards.
Le C.E.I. possède déjà quelques Camargues, qui ont démontré tout leur savoir-faire. Le partenariat avec la Manade de Jalabert a fourni de très bons sujets, qui font les reprises du débutant au galop 7, du dressage au CSO, en passant par la balade ou le cross.
Bien entendu, d'autres races peuvent très bien porter la selle Camargue pour les débutants.
Les Chevaux Camarguais sont petits et calmes, mais très résistants.
Le style Camargue est donc la solution idéale pour initier les débutants.
Mais la monte gardianne peut également séduire un autre public déjà cavalier : à l'initiative des éleveurs de Camargues et de l'association de promotion du Cheval Camargue, il a étét mis en place un règlement de brevets d'équitation camargue et un calendrier d'épreuves. Ces brevets sont reconnus par la FFE depuis 1995.
Cette technique équestre comporte une épreuve de dressage, avec des exercices classiques comme les pirouettes, huit de chiffre au galop, changements de pied, reculer..., un test de maniabilité (slalom au galop), et une épreuve appelée "parcours de pays", oł cheval et cavaliers évoluent sur le terrain naturel, avec des obstacles à franchir, tels des fossés, des gués, des troncs, des contre-hauts, contre-bas, des barrières à ouvrir, des tests d'obéissance...
Et pour travailler avec les débutants comme avec les confirmés, il existe toute la gamme des Jeux Gardians, oł il faut démontrer l'adresse des cavaliers et la maniabilité des chevaux : jeux de la Bague, de l'Orange...
Par la suite, rien n'empêche les cavaliers de passer à la selle anglaise pour s'initier à d'autres disciplines comme le CSO, ou le dressage pur. Ces cavaliers-là seront beaucoup plus à l'aise puisqu'ils auront acquis l'assiette indispensable, la confiance en selle Camargue et l'autonomie. Mais ils pourront aussi rester en selle gardianne pour continuer une équitation dite de "loisir".
Conclusion.
La selle Camargue et la monte gardianne ont donc tout pour séduire un club puisqu'elles peuvent permettre de garder et de fidéliser une clientèle débutante tout en fascinant la clientèle difficile des adultes.